U. Intimité et sexualité


Un TCC de niveau modéré ou grave peut avoir un impact négatif sur l'intimité, les relations et la fonction sexuelle, en raison de changements dans les fonctions physiques, endocriniennes, cognitives, comportementales et émotionnelles. En l'absence d'intervention, la diminution de la fonction sexuelle chez les personnes ayant subi un TCC modéré ou grave va perdurer. Bien que la plupart des professionnels de la santé s'accordent à dire que l'intimité, les relations et la sexualité sont des préoccupations importantes qui devraient être abordées lors de la réadaptation, ces préoccupations n'ont pas été classiquement discutées lors de la réadaptation et de la planification du congé en comparaison avec d'autres aspects des soins. En tant qu'équipe de réadaptation, il est important de considérer qu’aborder l'intimité et la sexualité relève d'une responsabilité partagée. Tous les membres de l'équipe de réadaptation devraient avoir une connaissance générale des questions d'intimité et de sexualité après un TCC. Dans une revue intégrative de la littérature, Deschênes et coll. (2019) ont constaté que 52,9 % des sources étaient en faveur de l'utilisation du modèle PLISSIT (Permission, Limited Information, Specific Suggestions, Intensive Therapy) pour aider les professionnels de la santé à aborder la sexualité avec des personnes atteintes d'un TCC modéré ou grave.

Dernière mise à jour en juin 2024

L'intimité et la sexualité doivent être abordées de manière cohérente dans le cadre de la réadaptation à l'interne des patients ayant subi un TCC. Pour que cela se fasse de manière proactive, un ou deux professionnels de la réadaptation, qui sont à l'aise et formés à la discussion sur la sexualité, devraient être spécifiquement désignés pour fournir des ressources et de l’information éducative à toutes les personnes ayant subi un TCC et à leurs partenaires, le cas échéant.

Dernière mise à jour en juin 2024

  1. Proportion de personnes ayant subi un TCC pour lesquelles une discussion sur la sexualité, abordant les aspects physiques et psychologiques, a été menée et documentée dans le dossier.
  2. Proportion de personnes ayant subi un TCC pour lesquelles des activités productives pertinentes et significatives sur le plan personnel sont clairement documentées dans le plan de traitement au cours des six premières semaines suivant l'admission en réadaptation.  

Dernière mise à jour en juin 2024

Voici des suggestions d'outils et de ressources qui peuvent être utilisés pour soutenir l’implantation des recommandations de cette section. Les professionnels de la santé doivent en tout temps respecter les dispositions légales et normatives encadrant l’exercice de leur profession, dont notamment les dispositions relatives aux champs de pratique ainsi qu’aux activités réservées ou protégées, puisque celles-ci peuvent différer d’une province à l'autre.

Outils cliniques :

Ressources pour les usagers et les proches :

Des recommandations ont été formulées sur les sujets suivants : 1) la formation destinée à l'équipe interdisciplinaire, 2) la précocité de l'information éducative sur les effets du TCC sur l'intimité, les relations et la sexualité, 3) la création d'interventions individualisées, 4) l'information éducative, l'évaluation et la gestion des causes de dysfonctionnement sexuel, 5) la fourniture de documentation écrite et de l’accompagnement professionnel (coaching) aux personnes ayant subi un TCC et à leurs partenaires.

D’un tiers à la moitié des personnes ayant subi un TCC modéré ou grave signalent des changements dans leur fonctionnement sexuel (Ponsford, 2003). Ces changements peuvent mener à l'isolement social, à la détérioration des relations conjugales, à la diminution de l'intimité avec leur partenaire (Gill et coll., 2011) et affecter la capacité d'une personne ayant subi un TCC modéré ou grave à développer et à maintenir des relations (Moreno 2013). Même lorsque les relations perdurent après le TCC, les études montrent un degré élevé d’insatisfaction relationnelle ou un faible degré d’ajustement dyadique sur une échelle qui comprend des items évaluant l'intimité et les relations sexuelles (Kreutzer et coll., 2016). En outre, une proportion importante de personnes ayant subi un TCC modéré ou grave ont signalé une diminution du désir d'activité sexuelle (Downing et coll., 2018), de l'excitation, de la fréquence des rapports sexuels (Simpson et Baguley, 2012) et une diminution de la qualité de vie sexuelle (Moreno et coll., 2013).  

En tant qu'équipe de réadaptation, il est important de reconnaître le partage de la responsabilité dans le traitement de l'intimité et de la sexualité. Tous les membres de l'équipe de réadaptation devraient avoir des connaissances générales sur les questions d'intimité et de sexualité post-TCC. Dans une revue intégrative de la littérature, Deschênes et coll. (2019) ont constaté que 52,9 % des sources étaient en faveur de l'utilisation du modèle PLISSIT (Permission, Limited Information, Specific Suggestions and Intensive Therapy) pour aider les professionnels de la santé à aborder la sexualité avec des personnes ayant subi un TCC modéré ou grave.

La documentation écrite portant sur la sexualité, les relations et l’intimité devrait fournir de l’information éducative sur les sujets suivants : comment le TCC modéré ou grave affecte le fonctionnement sexuel, les causes des changements dans le fonctionnement sexuel suite à un TCC modéré ou grave, comment améliorer le fonctionnement sexuel suite à un TCC modéré ou grave, l’importance des rapports sexuels protégés et comment parler de l’intimité et de la sexualité avec un professionnel de la santé (Sander, 2010). Toute la documentation écrite devrait être fournie dans un langage non spécialisé et à un niveau de lecture adéquat (Sander 2010; Deschênes et coll., 2019). La documentation écrite sur la sexualité, les relations et l’intimité devrait être remise directement au patient. Cependant, dans les cas où une personne ayant subi un TCC modéré ou grave présente des troubles de la mémoire, de la vitesse de traitement de l’information ou de la communication cognitive, le matériel écrit peut être remis au conjoint ou au parent (selon le cas), et la personne ayant subi le TCC pourra s’y référer le moment venu. Downing et Ponsford (2016) ont suggéré de fournir aux personnes ayant subi un TCC modéré ou grave des ressources telles que Sexual Functioning and Satisfaction after Traumatic Brain Injury-an Education Manual de Sander, Kendall, Pappadis, Hammond et Cyborski (2011), Intimacy, Sexuality and Sex after Brain Injury de Stejkal (2011). Deschênes et coll. (2019) ont constaté que 23,5 % des sources ont trouvé que le programme d’éducation sexuelle You and Me de Simpson et le vaste programme de traitement des difficultés sexuelles à la suite d’un TCC d’Aloni et Katz étaient des ressources utiles pour aborder la sexualité à la suite d’un TCC (Moreno et coll., 2015 ; Aloni et Katz 2003 ; Moreno et coll., 2013).  

En outre, les personnes ayant subi un TCC modéré ou grave ont souvent des difficultés avec les compétences et les comportements de cognition sociale, qui sont fondamentaux pour établir des liens émotionnels et intimes avec les autres. Ces problèmes incluent, sans s’y limiter, la reconnaissance difficile des émotions chez soi et chez les autres, un affect émoussé, la diminution de l’empathie et de piètres aptitudes à la communication sociale. Bien que ces problèmes puissent avoir un impact négatif sur tous les types de relations (famille, amis, etc.), ils constituent, pour les personnes ayant subi un TCC, des obstacles importants qui peuvent rendre particulièrement difficile l’établissement de relations romantiques avec d’autres personnes. Pour augmenter la probabilité qu’une personne ayant subi un TCC établisse de nouvelles relations amoureuses, ces compétences et comportements de cognition sociale devraient être évalués et traités dans le cadre de la réadaptation. Les thérapeutes devraient enseigner à leurs patients comment prendre en compte le point de vue des autres, comment faire preuve d’attention, de sollicitude et de soutien émotionnel pour les besoins et les sentiments des autres, ainsi que comment identifier et partager leurs propres émotions et besoins. Il convient d’enseigner aux patients les composantes de la communication sociale cognitive, verbale et non verbale, tant au niveau de l’expression (par exemple, communiquer ses pensées et ses sentiments avec gentillesse, manifester son affection) que de la réception (par exemple, écouter avec respect, déduire les pensées et les émotions d’autrui). Si les patients ont des problèmes de dysrégulation émotionnelle ou comportementale, ou des problèmes d’hygiène, de jugement, de désinhibition ou d’impulsivité, cela peut avoir un impact sur le succès et/ou la sécurité de l’établissement de nouvelles relations et doit donc être abordé dans le cadre du traitement. 

Dernière mise à jour en juin 2024

P

Prioritaire

F

Fondamentale

N

Nouvelle Niveaux de Preuve

A

B

C



U.1.1

N

C

Désigner des membres de l’équipe : Les équipes interdisciplinaires devraient identifier quel est le membre de l’équipe qui sera toujours le premier à initier une discussion à propos de l’intimité et de la sexualité. Ce membre de l’équipe devrait recevoir la formation appropriée pour amorcer cette discussion. 

Dernière mise à jour en juin 2023


U.1.2

N

C

Former les membres de l’équipe interdisciplinaire: Tous les membres de l’équipe interdisciplinaire devraient recevoir une formation pour acquérir une compréhension de base des effets potentiels que peut avoir le traumatisme craniocérébral sur l’intimité et la sexualité. On devrait leur fournir des phrases clés à utiliser lors de leurs interactions avec les patients et leurs partenaires.  

Dernière mise à jour en juin 2023


U.1.3

N

C

Initier la conversation: Si la personne et son ou sa partenaire n’initie pas la discussion à propos de la sexualité, le clinicien ou la clinicienne devrait alors demander la permission d’aborder ce sujet en présence du ou de la partenaire, selon le cas, tout en tenant compte des facteurs culturels potentiels. 

Dernière mise à jour en juin 2023


U.1.4

N

C

Personnaliser l’information et les interventions : Chez la personne ayant subi un traumatisme craniocérébral, l’information et les interventions à propos de la sexualité devraient tenir compte de l’identité culturelle, du genre, de l’âge, du sexe, de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre. 

Dernière mise à jour en juin 2023


U.1.5

N

C

La documentation écrite : Tôt pendant la phase de réadaptation interne ou externe, on devrait fournir aux personnes et à leurs partenaires de la documentation écrite portant, au moins, sur la sexualité, les relations et l’intimité. On devrait leur fournir aussi l’occasion d’aborder le sujet et de poser des questions lorsqu’elles se sentent prêtes. 

Dernière mise à jour en juin 2023


U.1.6

N

C

Si la personne ayant subi un TCC n’est pas engagée dans une relation amoureuse mais souhaiterait le devenir, lui fournir de la formation pour améliorer ses habiletés afin de favoriser ses chances de succès et assurer sa sécurité. 

Dernière mise à jour en juin 2023


U.1.7

N

C

Lors des suivis avec la personne ayant subi un TCC engagée dans une relation de couple, les cliniciens devraient vérifier s'il y a eu un changement dans l'intimité ou la fonction sexuelle et s'enquérir spécifiquement des changements dans la libido. 

Dernière mise à jour en juin 2023


U.1.8

N

C

Si la personne ayant subi un TCC indique que sa libido a changé, les cliniciens devraient effectuer une investigation médicale complète, y compris une investigation et des tests endocriniens pour écarter les causes médicales de la diminution de libido. Les cliniciens devraient fournir des conseils à propos des autres causes de dysfonction sexuelle. 

Dernière mise à jour en juin 2023


U.1.9

N

C

Si la personne ayant subi un TCC indique que sa libido n’a pas changé mais indique qu’il existe des tensions dans sa relation de couple, on devrait l’orienter vers du counseling individuel et du counseling de couple.  

Dernière mise à jour en juin 2023


U.1.10

N

C

Si la personne ayant subi un TCC et son ou sa partenaire n’indiquent pas de tension de couple ou de changement de libido importants, on devrait envisager de les référer au programme CoupleCARE, s’ils répondent aux critères d’inclusion. 

Dernière mise à jour en juin 2023