H. L’évaluation globale de la personne ayant subi un TCC


Il est nécessaire de procéder à l’évaluation globale de chaque personne puisque les séquelles d’un traumatisme craniocérébral (TCC) entrainent un ensemble complexe de changements sur les plans physique, émotionnel et cognitif. Il est essentiel de connaitre le vécu de la personne, ses compétences et ses habiletés pré-traumatiques pour comprendre les conséquences du TCC. Dans la période initiale à la suite du TCC, l’échelle de coma de Glasgow (ECG) fournit un aperçu de la gravité du TCC. Au cours de la période d’amnésie post-traumatique (APT), il n’est pas recommandé de procéder à une évaluation globale des fonctions cognitives en raison de la faible capacité d’attention et des changements rapides qui pourraient survenir. Afin de mieux quantifier la durée de l’APT, il est préférable de procéder à une évaluation standardisée et plusieurs outils existent à cet effet. Il est fréquent que d’autres blessures (p. ex. traumatisme médullaire ou musculosquelettique) surviennent en même temps que le TCC; par conséquent il est important que l’on procède au dépistage de séquelles associées à un TCC (cognitives ou autres) chez les personnes qui ont subi de multiples traumatismes.

Le personnel soignant devrait être formé à bien utiliser les outils standardisés d’évaluation des personnes ayant subi un TCC notamment l’ECG, l’Échelle de devenir de Glasgow (« Glasgow Outcome Scale (GOS)), les Activités de la Vie Quotidienne et les Échelles de durée de l’APT. L’équipe interdisciplinaire devrait inclure des professionnels formés pour effectuer les évaluations cognitivo-comportementales. Pour procéder à ces évaluations, il sera peut-être nécessaire d’acheter de l’équipement et certains tests.

Exemples d'indicateurs

  • Proportion de personnes ayant subi un TCC ayant repris conscience pour lesquelles il existe une preuve d'évaluation pour chacune des six incapacités fréquentes suivantes:
    1. Incapacités motrices
    2. Troubles bulbaires affectant la parole et la déglutition
    3. Dysfonctions sensorielles
    4. Diminution du contrôle vésical et intestinal
    5. Troubles cognitifs
    6. Dysrégulations comportementales
  • Proportion de personnes ayant subi un TCC pour lesquelles il existe une preuve d'évaluation, une fois l’amnésie post-traumatique / délirium post-traumatique résolue, pour chacun des huit déficits cognitifs suivants:
    1. L’attention (y compris la vitesse de traitement de l’information) ;
    2. Les fonctions visuo-spatiales ;
    3. Les fonctions exécutives ;
    4. Le langage et la communication sociale ;
    5. La cognition sociale ;
    6. L’apprentissage et la mémoire ;
    7. Le degré de conscience des déficits ;
    8. La détection/expression des émotions
  • Proportion de personnes ayant subi un TCC pour lesquelles un formulaire d'entrevue familiale / proches aidants a été complété dans le dossier.

Voici des suggestions d'outils et de ressources qui peuvent être utilisés pour soutenir l’implantation des recommandations de cette section. Les professionnels de la santé doivent en tout temps respecter les dispositions légales et normatives encadrant l’exercice de leur profession, dont notamment les dispositions relatives aux champs de pratique ainsi qu’aux activités réservées ou protégées, puisque celles-ci peuvent différer d’une province à l'autre.

Outils cliniques :

À développer localement:

  • Formulaires d'entrevue familiale

Les personnes devraient être évaluées pour le repérage des déficits communément connus. Les évaluations et les protocoles basés sur l'Échelle de Coma de Glasgow (ECG) peuvent orienter la prise en charge initiale. Dans certains cas, les proches peuvent fournir de l’information à propos du degré de conscience des déficits d’une manière plus adéquate que le ferait la personne elle-même (Sohlberg et coll. 1998, Spikman et Naalt, 2010). Lors d’une étude observationnelle, il a été rapporté que les personnes et leurs proches ont obtenu des résultats similaires aux réponses à des questionnaires d’évaluation fonctionnelle de la personne à la suite d’un programme de réadaptation (Svendsen et coll. 2004).

La transition entre le coma post-traumatique et le delirium post-traumatique ou l’APT est caractérisée par des déficits de l’attention sélective et soutenue (Arciniegas, 2010). Au cours de la période d’APT, les déficits des fonctions exécutives, du langage et de l’acquisition des connaissances déclaratives sont souvent proéminents. À la sortie de l’APT, les déficits des fonctions exécutives se manifestent lors de la prise de décision, de la capacité d’abstraction et de la flexibilité cognitive. On retrouve également de la labilité émotionnelle sous forme d’agitation et d’agressivité (Ponsford et coll. 2014). Les neuropsychologues et les psychiatres ont trouvé que les outils de mesure suivants étaient efficaces pour évaluer la durée de l’APT et la gravité du TCC : l’ECG et le test d’orientation et d’amnésie de Galveston (Arciniegas, 2010).

Lorsqu’une personne émerge de l’APT, ses fonctions cognitives devraient être évaluées. Au cours de ce processus, les proches devraient recevoir de l’information et de la formation à propos de la blessure et des soins à donner à la personne afin de diminuer le fardeau que représentent les soins (Calvete and Arroyabe, 2012) et protéger leur propre santé mentale (Doyle 2013).

Il est également important d’évaluer les personnes polytraumatisées, notamment celles ayant subi une blessure médullaire, en raison des traumatismes concomitants qui peuvent avoir des effets sur la récupération et le coût des soins et services. Dans une étude de Bradbury (2008), il a été trouvé que les personnes ayant subi une blessure médullaire et un TCC avaient présenté de moins bons résultats aux évaluations des fonctions cognitives que celles qui n’avaient pas subi de TCC et que les coûts de leur réadaptation avaient été plus élevés que ceux sans TCC. Sharma et al (2014) ont rapporté que, dans un échantillon de 92 personnes ayant subi une lésion médullaire, 58,5 % des TCC n’avaient pas été identifiés.

REFERENCES

Arciniegas, D. B. (2010). Neuropsychiatric Assessment of Traumatic Brain Injury During Acute Neurorehabilitation* Neuropsychiatric disorders (pp. 123-146): Springer.

Bradbury, C. L., Wodchis, W. P., Mikulis, D. J., Pano, E. G., Hitzig, S. L., McGillivray, C. F., . . . Green, R. E. (2008). Traumatic brain injury in patients with traumatic spinal cord injury: clinical and economic consequences. Arch Phys Med Rehabil, 89(12 Suppl), S77-84.

Calvete, E., & de Arroyabe, E. L. (2012). Depression and grief in Spanish family caregivers of people with traumatic brain injury: The roles of social support and coping. Brain Injury, 26(6), 834-843.

Doyle, S. T., Perrin, P. B., Diaz Sosa, D. M., Espinosa Jove, I. G., Lee, G. K., & Arango-Lasprilla, J. C. (2013). Connecting family needs and TBI caregiver mental health in Mexico City, Mexico. Brain Injury, 27(12), 1441-1449.

Ponsford, J., & Sinclair, K. (2014). Sleep and fatigue following traumatic brain injury. Psychiatr Clin North Am, 37(1), 77-89.

Sharma, B., Bradbury, C., Mikulis, D., & Green, R. (2014). Missed Diagnosis of Traumatic Brain Injury in Patients with Traumatic Spinal Cord Injury. Journal of Rehabilitation Medicine, 46(4), 370-373.

Sohlberg, M. M., Mateer, C. A., Penkman, L., Glang, A., & Todis, B. (1998). Awareness intervention: Who needs it? J Head Trauma Rehabil, 13(5), 62-78.

Spikman, J. M., Boelen, D. H., Lamberts, K. F., Brouwer, W. H., & Fasotti, L. (2010). Effects of a multifaceted treatment program for executive dysfunction after acquired brain injury on indications of executive functioning in daily life. Journal of the International Neuropsychological Society, 16(01), 118-129.

Svendsen, H., Teasdale, T., & Pinner, M. (2004). Subjective experience in patients with brain injury and their close relatives before and after a rehabilitation programme. Neuropsychological Rehabilitation, 14(5), 495-515.

P

Prioritaire

F

Fondamentale

N

Nouvelle Niveaux de Preuve

A

B

C



H.1.1

F

C

Toute personne ayant subi un traumatisme craniocérébral qui est consciente, même si cette personne est en amnésie post-traumatique (APT), devrait être évaluée afin de déceler les troubles suivants qui se présentent fréquemment : 

  • Incapacités motrices (p. ex. faiblesse, trouble de la tonicité ou de l’équilibre, manque de coordination) 
  • Blessures/fractures possiblement non détectées 
  • Douleur 
  • Troubles bulbaires affectant la parole et la déglutition 
  • Dysfonctions sensorielles pouvant avoir une incidence sur la sécurité de la personne (p. ex. perte de l’audition, engourdissements, troubles de la vision, y compris diminution de l’acuité visuelle, perte de champ visuel et paralysie de l’élévation du regard) 
  • Dysfonction du système nerveux autonome (p.ex. hypotension orthostatique, tachycardie, etc.)
  • Dysfonction endocrinienne 
  • Troubles du sommeil 
  • Diminution du contrôle des intestins et de la vessie 
  • Troubles cognitifs (p. ex. déficit de l’attention, troubles de la communication, de l’orientation, de la mémoire et des fonctions exécutives) 
  • Dysrégulations émotionnelles et comportementales 

(Adapté de INCOG 2022, Assess #1, p. 12)

Dernière mise à jour en juin 2023


H.1.2

C

La prise en charge initiale de la personne ayant subi un traumatisme craniocérébral devrait être guidée par des protocoles et des évaluations cliniques basés sur le score de l’échelle de coma de Glasgow.  

(Adapté d’ABIKUS 2007, G6, p. 16)

Dernière mise à jour en juin 2023


H.1.3

P

C

L'évaluation devrait inclure la recherche d'informations portant sur la personnalité et le fonctionnement préexistants, auprès de la personne ayant subi le traumatisme craniocérébral et des personnes qui la connaissaient avant sa blessure. 

(Adapté de INCOG 2022, Assess #7, p. 13)

Dernière mise à jour en juin 2023


H.1.4

C

Les fonctions cognitives de la personne ayant subi un traumatisme craniocérébral qui est sortie de l’amnésie post-traumatique (APT) devraient être évaluées par un membre de l’équipe interdisciplinaire, y compris un ou une: 

  • neuropsychologue : afin de réaliser une évaluation cognitive formelle au moyen de tests neuropsychologiques validés, y compris la mesure de l’effort, de l’état émotionnel et de troubles comportementaux; 
  • ergothérapeute : afin d’évaluer l’incidence des déficits cognitifs sur la réalisation des activités significatives et la participation; 
  • orthophoniste : afin d’évaluer l’incidence des déficits cognitifs sur la communication (audition, parole, lecture et écriture). 

Les évaluations devraient être effectuées en continu et de manière collaborative. Tous les professionnels concernés devraient s'efforcer d'intégrer les résultats de leurs évaluations et éviter la surcharge ou la duplication disciplinaire des tests. Les résultats de ces évaluations devraient être utilisés pour formuler les plans de traitements et les mettre à jour. 

(Adapté de INCOG 2022, Assess #5, p. 13)

Dernière mise à jour en juin 2023


H.1.5

P

C

Après être sortie de l’amnésie post-traumatique (APT), toute personne ayant subi un traumatisme craniocérébral devrait être évaluée pour que l’on puisse détecter la présence de déficits cognitifs dans les sphères suivantes : 

  • L’attention, y compris la vitesse de traitement de l’information
  • Les fonctions visuospatiales
  • Les fonctions exécutives
  • Le langage et la communication sociale
  • La cognition sociale, y compris la détection ou l’expression des émotions
  • L’apprentissage et la mémoire
  • Le degré de conscience des déficits 

Ces évaluations peuvent être standardisées ou non selon les besoins de la personne. Les résultats de ces évaluations devraient être utilisés pour formuler les plans de traitements et les mettre à jour. 

(Adapté de INCOG 2022, Assess #3, p. 12)

Dernière mise à jour en juin 2023


H.1.6

N

C

Le fonctionnement physique de toute personne ayant subi un traumatisme craniocérébral devrait être évalué, au moyen de tests standardisés ou non, par un membre de l’équipe interdisciplinaire, y compris un ou une :

  • physiothérapeute : pour évaluer les sensations, la coordination, l’équilibre, le tonus, la force, l’amplitude articulaire et la mobilité; 
  • ergothérapeute : pour évaluer la réalisation des activités de la vie quotidiennes, des activités instrumentales de la vie quotidienne et des aides techniques requises; 
  • médecin (p. ex. physiatre, neurologue, médecin de famille) : pour évaluer les comorbidités médicales et déceler les blessures concomitantes (p. ex. traumatisme musculo-squelettique, blessure médullaire); 
  • infirmière : afin d’évaluer le fonctionnement de la vessie et des intestins, la douleur et l’intégrité de la peau; 
  • nutritionniste : pour évaluer le poids, l’hydratation et les besoins nutritionnels;
  • orthophoniste : pour évaluer la déglutition, la fonction oro-motrice, le langage et l’audition. 

Les évaluations devraient être effectuées en continu et de manière collaborative. Tous les professionnels concernés devraient s'efforcer d'intégrer les résultats de leurs évaluations et éviter la surcharge ou la duplication disciplinaire des tests. Les résultats de ces évaluations devraient être utilisés pour formuler les plans de traitements et les mettre à jour. 

Dernière mise à jour en juin 2023


H.1.7

N

C

Le bien-être psychosocial et émotionnel de toute personne ayant subi un traumatisme craniocérébral devrait être évalué, au moyen de tests standardisés ou non, par un membre de l’équipe interdisciplinaire, y compris un ou une :

  • Travailleuse sociale : afin de d’obtenir une histoire sociale détaillée, y compris le genre, les conditions prémorbides, le parcours scolaire et professionnel, le soutien social, les conditions de vie, les habitudes de vie, le milieu culturel et spirituel; 
  • Psychologue/neuropsychologue : pour évaluer la régulation émotionnelle, les stratégies d’adaptation et la conscience de soi; 
  • Intervenant en soins spirituels : pour évaluer les besoins religieux/spirituels;
  • Thérapeute en loisirs : pour évaluer les intérêts et les objectifs de la personne en matière de loisirs. 

Les évaluations devraient être effectuées en continu et de manière collaborative. Tous les professionnels concernés devraient s'efforcer d'intégrer les résultats de leurs évaluations et éviter la surcharge ou la duplication disciplinaire des tests. Les résultats de ces évaluations devraient être utilisés pour formuler les plans de traitements et les mettre à jour de même que pour formuler des recommandations portant sur les ressources communautaires disponibles. 

Dernière mise à jour en juin 2023


H.1.8

C

La personne ayant subi un traumatisme craniocérébral et le soignant principal devraient recevoir de l’information et discuter du diagnostic, du pronostic, du processus de récupération et des traitements qui peuvent être offerts. 

Dernière mise à jour en juin 2023


H.1.9

C

Les professionnels de la santé devraient dépister les lésions cérébrales traumatiques potentielles lorsque le mécanisme sous-jacent de la blessure entraîne une lésion de la moelle épinière, un traumatisme musculo-squelettique grave ou un traumatisme connexe susceptible d'affecter le cerveau. 

RÉFÉRENCES :

  • Sharma et al. (2014)
  • Bradbury et al. (2008)

Dernière mise à jour en juin 2023


H.1.10

C

La personne qui présente des comorbidités, par exemple une blessure médullaire ou de graves blessures musculo-squelettiques, devrait avoir accès au moment opportun aux services d’une équipe interdisciplinaire expérimentée en traumatismes craniocérébraux. Ces services devraient être offerts simultanément avec les autres traitements ou immédiatement après.  

Dernière mise à jour en juin 2023