P. Douleur et céphalées


Les personnes qui ont subi un traumatisme craniocérébral (TCC) peuvent éprouver de la douleur et des céphalées immédiatement après le traumatisme et tout au long de la période de récupération. La douleur a un effet négatif sur la récupération cognitive, le sommeil, l’humeur, l’anxiété et peut précipiter l’apparition de troubles de comportement. Chez certaines personnes, des stratégies non pharmacologiques peuvent être utilisées, comme le counseling cognitivocomportemental et la rétroaction biologique. La douleur éprouvée par certaines personnes est reliée à une lésion neurologique (douleur neuropathique), ce qui nécessite un traitement impliquant différents types d’analgésiques.

Les cliniciens devraient développer les compétences requises pour évaluer rigoureusement la douleur. Il devrait être de routine d’évaluer la nature et la sévérité de la douleur des usagers. Idéalement, l’équipe de soins devrait avoir accès facilement à des spécialistes en gestion de la douleur.

Exemples d'indicateurs

  • Proportion de personnes ayant subi un TCC qui bénéficient d'un protocole de gestion de la douleur.
  • Proportion de personnes ayant subi un TCC et présentant des céphalées post-traumatiques qui reçoivent une thérapie cognitivocomportementale.

Voici des suggestions d'outils et de ressources qui peuvent être utilisés pour soutenir l’implantation des recommandations de cette section. Les professionnels de la santé doivent en tout temps respecter les dispositions légales et normatives encadrant l’exercice de leur profession, dont notamment les dispositions relatives aux champs de pratique ainsi qu’aux activités réservées ou protégées, puisque celles-ci peuvent différer d’une province à l'autre.

Outils cliniques :

Ressources pour les usagers et les proches :

Autres ressources :

Les personnes qui ont subi un traumatisme craniocérébral (TCC) peuvent éprouver de la douleur et des céphalées immédiatement après le traumatisme et tout au long de la période de récupération. La douleur est associée aux problèmes suivants : retard de la récupération cognitive, troubles du sommeil, fatigue, élévation du niveau d’anxiété, dépression et stress post-traumatique (Dobscha et coll. 2009; Hoffman et coll. 2007). Si la douleur n’est pas reconnue ou diagnostiquée, cela peut mener à une augmentation de l’agitation et de l’agressivité ou à une incapacité de participer à la réadaptation ou d’en tirer des avantages (Ivanhoe et Hartman 2004; Sherman et coll. 2006). Il est donc important de déceler précocement la douleur et de la traiter afin de réduire au minimum l’adoption de stratégies d’adaptation mal adaptées et d’optimiser la récupération de la personne. Plusieurs traitements se sont montrés efficaces, par exemple, la rétroaction biologique et la médication. La rétroaction biologique, les techniques de relaxation, la méditation et la thérapie cognitivocomportementale sont souvent considérées comme les standards de thérapie comportementale de la douleur (Branca & Lake 2004).

Tatrow et coll. (2003) ont étudié la rétroaction biologique thermique ou par EMG comme outil d’intervention dans le traitement des céphalées post-traumatiques en combinaison avec la méthode de relaxation musculaire progressive. Des améliorations ont été rapportées chez une majorité de sujets; une amélioration significative a été notée chez quatre sujets, une certaine amélioration chez six sujets, une légère amélioration chez deux sujets et une détérioration chez deux sujets (Tatrow et coll. 2003). La thérapie cognitivocomportementale a aussi démontré son efficacité pour réduire les céphalées post-traumatiques. Dans une étude pré-post, Gurr et Coetzer (2005) ont analysé 20 sujets ayant subi un TCC de niveau de gravité léger à grave. Après une thérapie cognitivocomportementale, l’intensité et la fréquence des céphalées avaient significativement diminué (p=0.004). Le degré d’incapacité liée aux céphalées avait aussi diminué tel que mesuré par l’inventaire des incapacités liées aux céphalées (p=0.001) et le Headache Needs Assessment (p=0.02; Gurr et Coetzer 2005).

REFERENCES

Branca, B., & Lake, A. E. (2004). Psychological and neuropsychological integration in multidisciplinary pain management after TBI. J Head Trauma Rehabil, 19(1), 40-57.

Dobscha, S. K., Clark, M. E., Morasco, B. J., Freeman, M., Campbell, R., & Helfand, M. (2009). Systematic review of the literature on pain in patients with polytrauma including traumatic brain injury. Pain Med, 10(7), 1200-1217.

Evidence-Based Review of Moderate To Severe Acquired Brain Injury (ERABI). (2016). https://erabi.ca/.

Gurr, B., & Coetzer, B. R. (2005). The effectiveness of cognitive-behavioural therapy for post-traumatic headaches. Brain Inj, 19(7), 481-491.

Hoffman, J. M., Pagulayan, K. F., Zawaideh, N., Dikmen, S., Temkin, N., & Bell, K. R. (2007). Understanding pain after traumatic brain injury: impact on community participation. Am J Phys Med Rehabil, 86(12), 962-969.

Ivanhoe, C. B., & Hartman, E. T. (2004). Clinical caveats on medical assessment and treatment of pain after TBI. J Head Trauma Rehabil, 19(1), 29-39.

Sherman, K. B., Goldberg, M., & Bell, K. R. (2006). Traumatic brain injury and pain. Phys Med Rehabil Clin N Am, 17(2), 473-490, viii.

Tatrow, K., Blanchard, E. B., & Silverman, D. J. (2003). Posttraumatic headache: an exploratory treatment study. Appl Psychophysiol Biofeedback, 28(4), 267-278.

P

Prioritaire

F

Fondamentale

N

Nouvelle Niveaux de Preuve

A

B

C



P.1.1

C

La présence de douleur devrait toujours être envisagée lorsqu’une personne ayant subi un traumatisme craniocérébral est agitée ou présente des troubles cognitifs/de communication, de l’agitation psychomotrice ou une augmentation de la spasticité. Une attention particulière doit être portée aux signes non verbaux de la douleur, par exemple les grimaces. 

(ABIKUS 2007, G73, p. 27)

Outil suggéré : Algorithme pour l'agitation et l'agressivité

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P.1.2

N

C

Les personnes souffrant de douleurs persistantes à la suite d’un traumatisme craniocérébral devraient être examinées par un clinicien expérimenté dans les examens neurologiques et musculo-squelettiques afin de déterminer la cause probable de la douleur et de rechercher les causes musculo-squelettiques, viscérales, centrales et périphériques de la douleur. 

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P.1.3

N

C

En l'absence de données spécifiques sur les céphalées liées aux traumatismes craniocérébraux modérés ou graves, les recommandations pour les personnes ayant subi un traumatisme craniocérébral léger peuvent être étendues en tant que niveau de preuve par consensus d’experts.

RÉFÉRENCE:

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P.1.4

N

C

Lors de l'évaluation de la douleur chez les personnes ayant des difficultés de communication après un traumatisme craniocérébral, il convient de recueillir des antécédents exhaustifs auprès de toutes les sources disponibles et de procéder à une évaluation de la tête aux pieds, ce qui orientera les investigations ultérieures et les décisions de traitement.

Remarque : certaines personnes ayant subi un traumatisme craniocérébral modéré ou grave sont en mesure de fournir leurs propres antécédents médicaux. Lorsque cela n'est pas possible, la famille et les fournisseurs de soins peuvent être consultés pour donner des informations complémentaires et rendre compte de la durée, de la fréquence et de l'intensité de la douleur.

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P.2.1

P

N

C

Les programmes de réadaptation pour les personnes ayant subi un traumatisme craniocérébral devraient mettre en place des protocoles d'évaluation et de gestion de la douleur. Les caractéristiques de la douleur, l'impact fonctionnel associé, la réponse au traitement et les effets indésirables devraient être surveillés de près et réévalués à intervalles réguliers. Ces informations devraient guider la prise de décision concernant la nécessité d'intensifier, de réduire ou d'interrompre le traitement.

Il convient de prendre en considération les troubles mentaux concomitants susceptibles d'avoir un impact sur l'expérience personnelle de la douleur.  

(Adapté de ABIKUS 2007, G74, p. 27)

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P.2.2

N

C

Les professionnels de santé et les soignants devraient recevoir de la formation sur l'hypersensibilité, la douleur neurogène, ainsi que sur la meilleure façon d'aider lors de la mobilisation d'un membre parétique lors des transferts et autres activités.

(Adapté de ABIKUS 2007, G74, p. 27)

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P.2.3

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B

La thérapie cognitivo-comportementale peut être envisagée pour diminuer les symptômes de douleur et améliorer l’adaptation et le fonctionnement des personnes ayant subi un traumatisme craniocérébral souffrant de céphalées post-traumatiques. 

RÉFÉRENCE :

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P.2.4

B

La rétroaction biologique (biofeedback) peut être envisagée pour diminuer les symptômes de douleur chez les personnes ayant subi un traumatisme craniocérébral et souffrant de céphalées. 

RÉFÉRENCE :

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P.2.5

P

C

La prescription de prégabaline peut être envisagée pour diminuer la douleur neuropathique centrale causée par des blessures au cerveau ou à la colonne vertébrale. 

Note : Compte tenu du risque d'effets indésirables de ces médicaments, il conviendrait de rechercher et d'optimiser les stratégies de traitement non pharmacologique avant de débuter une pharmacothérapie. Le financement de la thérapie non pharmacologique devrait être recherché dans la mesure du possible afin de minimiser le recours à la thérapie pharmacologique.

Outil suggéré : Indications d'usage de Santé Canada

RÉFÉRENCE :

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P.2.6

N

C

Le fournisseur de soins primaires devrait recueillir une histoire exhaustive des céphalées (voir Table 6.1) afin d’identifier le ou les sous-types de céphalées qui ressemble (nt) le plus aux symptômes de la personne. 

RÉFÉRENCE :

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P.2.7

N

C

Les fournisseurs de soins primaires et les professionnels de la santé qui traitent les céphalées de la personne devraient effectuer des examens neurologiques et musculo-squelettiques comprenant la colonne cervicale et le système vestibulaire.

RÉFÉRENCE :  

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P.2.8

N

C

Les fournisseurs de soins devraient déterminer le degré de handicap lié aux céphalées (en adoptant une approche biopsychosociale) afin de faciliter l'élaboration d'un plan de traitement et le suivi ultérieur de la réponse au traitement (c.-à-d. non pharmacologique et/ou pharmacologique).

RÉFÉRENCE :

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P.2.9

N

C

Les facteurs personnels, environnementaux, professionnels, scolaires et physiques comme les douleurs cervicales doivent être identifiés et abordés en tant que facteurs potentiels de céphalées.

RÉFÉRENCE :

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P.2.10

N

C

Les personnes présentant des maux de tête atypiques ou limitant leur capacité fonctionnelle devraient être orientées vers une clinique interdisciplinaire spécialisée dans les commotions cérébrales, un neurologue ou une clinique spécialisée dans les maux de tête.

RÉFÉRENCE :

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P.2.11

N

C

De la formation devrait être fournie à la personne à propos de stratégies pour de saines habitudes de vie (voir Appendix 6.6 et Table 6.2), utiles pour minimiser l'apparition des maux de tête et/ou diminuer leur impact lorsqu'ils surviennent (c'est-à-dire maintenir des heures de coucher et de réveil constantes, consommer des repas réguliers sans sauter de repas ou les prendre en retard, bien s'hydrater, faire régulièrement des exercices cardiovasculaires de faible intensité, recourir à des stratégies de relaxation, de gestion du stress et de pleine conscience).

RÉFÉRENCE :  

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P.2.12

N

C

Toutes les personnes souffrant de céphalées post-traumatiques devraient être encouragées à tenir un journal précis des céphalées et des médicaments (voir Appendix 6.4) et à l'apporter à chaque visite de suivi avec leur clinicien.

RÉFÉRENCE :

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P.2.13

N

C

Les personnes peuvent prendre des médicaments contre les céphalées aiguës pour tenter de réduire la gravité, la durée et le handicap associés à chaque crise de céphalée. La fréquence d'utilisation de ces médicaments doit être limitée afin de minimiser le risque de céphalée médicamenteuse aussi appelée céphalée rebond:

  1. Les analgésiques en vente libre (par ex. acétaminophène, ibuprofène, acide acétylsalicylique, naproxène, diclofénac effervescent) devraient être pris moins de quinze jours par mois.
  2. Les analgésiques combinés (c'est-à-dire contenant de la caféine ou de la codéine) et les triptans spécifiques à la migraine devraient être utilisés moins de 10 jours par mois.

RÉFÉRENCE :

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P.2.14

N

C

Les thérapies aiguës spécifiques à la migraine doivent être testées lorsque les thérapies aiguës non spécifiques sont incomplètement efficaces pour les maux de tête post-traumatiques de type migraineux. Les triptans peuvent être utilisés pour les céphalées de type migraineux survenant moins de 10 jours par mois.

RÉFÉRENCE :

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P.2.15

N

C

En raison de la multiplicité des conséquences négatives potentielles (accoutumance, dépendance, céphalée rebond), les analgésiques narcotiques devraient être évités ou limités uniquement au « traitement de secours » des crises aiguës lorsque les autres thérapies de première et de deuxième intention échouent ou sont contre-indiquées. Lorsqu'ils sont utilisés, les narcotiques devraient être strictement limités à un maximum de deux fois par semaine.

RÉFÉRENCE :

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P.2.16

N

C

Lorsque les maux de tête sont trop fréquents (par exemple, plus de 10 jours par mois) ou qu'ils sont invalidants, un traitement prophylactique devrait être envisagé.

RÉFÉRENCE :

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P.2.17

N

C

Les maux de tête post-traumatiques peuvent ne pas répondre aux traitements classiques. Si les maux de tête restent mal contrôlés, il est recommandé d'orienter le patient vers un neurologue, un spécialiste des maux de tête ou une clinique interdisciplinaire spécialisée dans les commotions cérébrales.

RÉFÉRENCE :

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