N. Déficits sensoriels


Le traumatisme craniocérébral (TCC) peut entrainer des déficits sensoriels affectant la vision, la perception, les sensations et l’équilibre. Puisque plusieurs de ces problèmes ne sont pas visibles à l’œil nu, leur dépistage chez la personne ayant subi un TCC devrait être effectué de façon systématique étant donné qu’ils peuvent grandement limiter la mobilité et le fonctionnement de la personne.

Les personnes ayant subi un TCC qui présentent un quelconque trouble visuel devraient être évaluées par une équipe comprenant un ophtalmologiste et un orthoptiste, lorsqu’il y a des problèmes de mouvements oculaires ou de double vision. Il peut être nécessaire de recourir à des professionnels spécialisés en réadaptation en déficience visuelle pour soutenir le plan de traitement. Les personnes qui souffrent de vertiges persistants devraient avoir accès à un otorhinolaryngologiste spécialisé dans l’évaluation et le traitement des troubles vestibulaires. La rééducation vestibulaire peut être utile pour certaines personnes ayant subi un TCC.

Exemples d'indicateurs

  • Proportion de personnes ayant subi un TCC et présentant un trouble de la vision qui sont évaluées par au moins deux des professionnels suivants:
    • Des ophtalmologistes
    • Des orthoptistes
    • Des intervenants détenant une expertise dans le domaine de la réadaptation en déficience visuelle

Voici des suggestions d'outils et de ressources qui peuvent être utilisés pour soutenir l’implantation des recommandations de cette section. Les professionnels de la santé doivent en tout temps respecter les dispositions légales et normatives encadrant l’exercice de leur profession, dont notamment les dispositions relatives aux champs de pratique ainsi qu’aux activités réservées ou protégées, puisque celles-ci peuvent différer d’une province à l'autre.

Outils cliniques :

Ressources pour les usagers et les proches :

Autre ressource :

Le système visuel est intimement lié à plusieurs autres fonctions que la vue : il agit aussi comme principal récepteur sensoriel pour les tâches motrices, sociales, cognitives, communicationnelles et émotionnelles. L’atténuation des troubles visuoperceptifs et visuomoteurs peut améliorer le fonctionnement dans tous les domaines mentionnés précédemment et peut favoriser l’optimisation de la récupération fonctionnelle. Pour ces raisons, le dépistage de ces troubles devrait être effectué chez les personnes ayant subi un TCC.

Le dysfonctionnement visuel à la suite d’une lésion cérébrale acquise (LCA) peut être corrigé par des prismes base-in, étant donné que ces derniers affectent le processus visuel ambiant en augmentant l’efficacité des cellules corticales binoculaires (Padula et coll. 1994). Ces prismes ainsi que des dispositifs occlusifs binasaux incorporés aux lunettes augmentent l’amplitude des potentiels évoqués visuels (Padula et coll. 1994). Des verres prismatiques peuvent également être efficaces pour diminuer les symptômes reliés à l’hétérophorie verticale et à la commotion, car ils réduisent les défauts d’alignement vertical entrainés par le TCC (Doble et coll. 2010).

Les personnes qui ont subi une lésion du chiasma ou du nerf optique associée à la LCA et qui complètent un programme d’entrainement de restauration de la vision assisté par ordinateur expérimentent un élargissement de leur champ visuel et une augmentation de la détection de la lumière (Kasten et coll. 1998). L’entrainement à la détection a démontré qu’il pouvait produire des améliorations non seulement dans la détection visuelle, mais aussi pour d’autres fonctions visuelles, par exemple la reconnaissance des formes et des couleurs (Kasten et coll. 2000). Lorsque les difficultés de lecture à la suite d’une LCA sont causées par des déficits d’hémichamp sensoriel ou des troubles neuromoteurs, la réadaptation oculomotrice avec saccades peut améliorer les mouvements oculaires requis pour arriver à bien lire (Ciuffreda et coll. 2006). Un conditionnement oculomoteur répétitif diminue les charges cognitives et attentionnelle requises pour lire et permet ainsi d’adopter une approche structurée et systématique de rééducation à la lecture. Les avantages de la réadaptation oculomotrice ont été observés lors de certaines activités de la vie quotidienne, par exemple la concentration et le balayage visuel. Mais le plus important est d’atténuer les déficiences visuelles pour faciliter la participation de la personne ayant subi un TCC à d’autres thérapies et pour contribuer à sa récupération en général (Ciuffreda et coll. 2006).

Le dysfonctionnement vestibulaire est fréquemment négligé chez la personne ayant subi un TCC. Lorsqu’il est diagnostiqué, les services suivants de rééducation vestibulaire peuvent être offerts : exercices de fixation du regard, adaptation au gain du réflexe vestibulo-oculaire, exercices de substitution, techniques d’habituation, et exercices pour la démarche et l’équilibre statique ou dynamique (Scherer et Schubert 2009). Chez un petit échantillon d’adultes, la danse aérobique et des exercices de type glisser-et-sauter ont amélioré l’équilibre et la coordination plusieurs années après le TCC, suggérant que les améliorations à long terme des troubles vestibulaires sont possibles lorsqu’un programme adéquat est utilisé (Dault et Dugas 2002). De plus, Gurr et Moffat (2001), ayant ajouté un volet cognitif à la rééducation vestibulaire, ont découvert que l’approche psychologique multidimensionnelle était efficace pour améliorer les symptômes de vertige, les incapacités, la détresse émotionnelle, la flexibilité physique et la stabilité posturale.

REFERENCES

Ciuffreda, K. J., Han, Y., Kapoor, N., & Ficarra, A. P. (2006). Oculomotor rehabilitation for reading in acquired brain injury. NeuroRehabilitation, 21(1), 9-21.

Dault, M. C., & Dugas, C. (2002). Evaluation of a specific balance and coordination programme for individuals with a traumatic brain injury. Brain Inj, 16(3), 231-244.

Doble, J. E., Feinberg, D. L., Rosner, M. S., & Rosner, A. J. (2010). Identification of binocular vision dysfunction (vertical heterophoria) in traumatic brain injury patients and effects of individualized prismatic spectacle lenses in the treatment of postconcussive symptoms: a retrospective analysis. Pm r, 2(4), 244-253.

Evidence-Based Review of Moderate To Severe Acquired Brain Injury (ERABI). (2016). https://erabi.ca/.

Gurr, B., & Moffat, N. (2001). The effectiveness of cognitive-behavioural therapy for post-traumatic headaches. Brain Inj, 15(5), 387-400.

Kasten, E., Wust, S., Behrens-Baumann, W., & Sabel, B. A. (1998). Computer-based training for the treatment of partial blindness. Nat Med, 4(9), 1083-1087.

Padula, W. V., Argyris, S., & Ray, J. (1994). Visual evoked potentials (VEP) evaluating treatment for post-trauma vision syndrome (PTVS) in patients with traumatic brain injuries (TBI). Brain Inj, 8(2), 125-133.

Scherer, M. R., & Schubert, M. C. (2009). Traumatic brain injury and vestibular pathology as a comorbidity after blast exposure. Phys Ther, 89(9), 980-992.

P

Prioritaire

F

Fondamentale

N

Nouvelle Niveaux de Preuve

A

B

C



N.1.1

C

Le dépistage de troubles de la vision et/ou de déficits perceptuels devrait être effectué chez toute personne ayant subi un traumatisme craniocérébral. Si un trouble est présent, des interventions de réadaptation visant le trouble visuel concerné devraient être offertes. 

(Adapté d’ABIKUS 2007, G55, p. 25)

Dernière mise à jour en février 2023


N.1.2

P

C

La personne ayant subi un traumatisme craniocérébral qui présente un trouble de la vision devrait être évaluée par une équipe dont les membres incluent, sans s’y limiter :

  • des ophtalmologistes;
  • des orthoptistes, lorsque la personne présente des troubles des mouvements oculaires ou une vision double;
  • des intervenants détenant une expertise dans le domaine de la réadaptation en déficience visuelle.

(Adapté de NZGG 2006, 6.1.4, p. 95)

Dernière mise à jour en février 2023



N.2.1

P

C

Toutes les personnes qui ont subi un traumatisme craniocérébral présentant des négligences visuelles ou des déficiences oculomotrices (besoin en orthoptie) chroniques devraient se voir offrir des stratégies particulières de rééducation.  

(Adapté de NZGG 2006, 6.1.4, p. 95)

Dernière mise à jour en février 2023


N.2.2

C

Un programme d’entrainement avec rétroaction visuelle devrait être appliqué avec la personne ayant subi un traumatisme craniocérébral qui présente un trouble des poursuites visuelles et des saccades oculaires. 

RÉFÉRENCE :

Dernière mise à jour en février 2023



N.3.1

B

Les personnes qui ont subi un traumatisme craniocérébral devraient être dépistées, et si besoin est, évaluées en bonne et due forme pour déceler la présence de troubles vestibulaires et, le cas échéant, devraient entreprendre un programme de rééducation vestibulaire, éventuellement en combinaison avec la prise de dichlorhydrate de bétahistine. Le dépistage devrait être mené par un professionnel de la fonction vestibulaire. 

(Adapté de ABIKUS 2007, G59, p. 25)

RÉFÉRENCES :

  • Jafarzadeh et al. (2018)
  • Naguib et Madian (2014)

Dernière mise à jour en février 2023